Seppe Smits sur la route d’un champion du monde… Enfin, c’est ce qu’on dit. Photo: Oliver Kraus
En 2015, la FIS a décidé de réunir deux de ses grosses compétitions, le ‘World Freestyle Ski Championships’ et le ‘World Snowboarding Championships’, pour n’en faire désormais qu’une seule et unique: le “FIS Freestyle Ski and Snowboarding World Championships”, autrement dit les Championnats du Monde FIS de Ski et Snowboard Freestyle. La dernière édition en date vient de se dérouler en Sierra Nevada espagnole.
Avec 13 disciplines sur 12 jours, cela représente l’une des plus grosses compétitions de sports d’hiver au monde. C’est aussi la compétition la plus inutile, la plus foireuse et la plus injuste, mais là on va t’expliquer pourquoi. Mais déjà, une compétition qui décerne des titres de champions du monde sans des points gagnés toute une saison, sans les meilleurs riders qui à juste titre ignorent ce carnaval affligeant, et dont même la presse spécialisée ne voit ni les tenants ni les aboutissants, cela devrait déjà te mettre une sacrée puce à l’oreille…
“Vouloir faire de ces World Championships une sorte de Jeux Olympiques en modèle réduit esT Une très mauvaise idée pour les intérêts du snowboard (comme pour ceux du ski d’ailleurs)”
Pour commencer, regardons de plus près la liste des disciplines présentes. Du slopestyle et du halfpipe en ski et en snowboard, ok tout va bien jusque là. Mais Big Air juste en snow… C’est sans doute parce que nos amis les bipèdes sont trop occupés dans les compètes de ‘Aerials’ (ski accro) ou de ‘Moguls’ (les bosses chères à notre ami Grospiron) et que la FIS considère que tout cela fait partie de la même famille? Très approximatif comme point de vue, sachant que pour les bosses notamment, le backflip occasionnel entre 2 bosses et vraiment le seul aspect vaguement ‘freestyle’ de l’épreuve. Mais passons, car nous avons bien mieux…
Le ski et le snowboard cross. Rien contre ces disciplines en soit, on les trouve même très agréables à regarder, et il faut un sacré niveau et pas mal de cojones pour s’y imposer. Mais les mecs: quel est le rapport avec le ‘freestyle’? Mis à part Lindsey Jacobellis aux JO de 2006, et sa tentative de grab qui a fait le tour du monde. Enfin, on retrouve dans la liste des disciplines snowboard le slalom. Et pas en ski. Mais du slalom freestyle, c’est quoi exactement. Pourrait-on peut-être programmer une épreuve de pétanque freestyle sur planche à neige pour dans 2 ans?

La station ôte change à chaque fois, et les candidatures “ne peuvent émaner que de lieux pouvant proposer toutes les disciplines”. Là encore visiblement, et comme pour le mot ‘freestyle’, la conception des organisateurs est à géométrie variable. Sierra Nevada, là encore rien contre l’endroit, mais proposer un tel lieu, dans une saison aussi médiocre… À quoi d’autres pouvait-on s’attendre dans ces conditions, qu’à un tracé de slopestyle ressemblant étrangement à une trace de frein au fond d’une culotte Petit Bateau? De là à imaginer de passionnantes discussions de banquets pour justifier de tels choix, pour faire plaisir à untel, quitte à faire tenir un event de snow sur une plage du Qatar, il n’y a qu’un pas, que nous ne franchirons pas – par manque de moyens d’investigation. Cela ne nous empêchera pas de dire néanmoins que tout événement qui ne sert pas en premier lieu les intérêts du snowboard, est inique.
Vouloir faire de ces World Championships une sorte de Jeux Olympiques en modèle réduit est l’autre mauvais idée là dedans. Une mauvaise idée pour les intérêts du snowboard (comme ceux du ski d’ailleurs). Si la FIS a vraiment en tête de maintenir ces ‘Freestyle World Championships’, qui oute toutes les incohérences évoquées, ne sera jamais capable de rassembler sous ce drapeau les meilleurs riders de la planète, tous occupés qu’ils étaient aux X Games à Oslo. qui se déroulait au même moment. Ça alors, pas de chance quand même. Avant, les events FIS se déroulaient bizarrement toujours en même temps que ceux de l’ISF puis du TTR, aujourd’hui c’est le calendrier des X Games qui semble poser problème. À moins bien sûr que le problème, ce soit la FIS… Est-ce que l’idée les effleure? Non, bien sûr.
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